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laurence d. au pays de l'entreprise
19 février 2007

La jeune fille, le prince charmant et l'argent 2

 

Allo, Docteur Freud ?

 

 

 

 

 

 

 

Que nous dit la psychanalyse sur nos rapports avec l’argent ? Pendant longtemps pas grand-chose, si ce n’est argent égal stade anal, soit argent égal caca, ce que nous avons tous appris en France : c’est sale, c’est tabou, les gens bien élevés n’en parlent pas. On était bien avancé avec ça ! D’ailleurs avec les psychanalystes ça ne se discutait pas trop. Le psy fixait le montant de la séance, annonçait souverainement les augmentations sans expliquer pourquoi, exigeait le paiement des séances loupées, etc, etc. Tout cela au nom de l’efficacité thérapeutique. Et en espèces sonnantes et trébuchantes, cette fois au nom du principe de réalité.

 

 

 

 

alphabet

 

 

 

 

Donc les générations de femmes qui ont défilé sur les divans en cherchant leur émancipation, car la clientèle des psychanalystes est majoritairement féminine, n’y ont peut-être pas appris à être plus libres avec l’argent. On n’en sait rien, car on n’en parlait pas trop.

 

 

 

C’est pourquoi le travail réalisé par Jacqueline Barus-Michel, avec une équipe du Laboratoire de Psychologie Clinique de paris VII, est d’autant plus intéressant. Publié sous le titre « L’argent ou la magie de l’imaginaire » (in Questions d’argent, sous la direction de JP Bouilloud et V Guienne, Desclée de Brouwer, 1999), il a été fait à la demande de l’Association française de banques sur les représentations et processus psychosociaux à l’œuvre dans les rapports à l’argent.

 

 

 

Dans la petite enfance, nous dit-elle, l’argent apparaît comme un cadeau, un jouet, un objet magique qui s’échange contre un baiser et véhicule de l’amour. La tirelire abrite un trésor. En grandissant les règles d’échange se mettent en place. L’argent devient une rétribution de l’effort, sa récompense transmutée en achat. Un dû aussi à travers l’argent de poche qui est réclamé.

 

 

 

Le devoir et la dette se superposent donc au plaisir et à l’amour. Le désir prend la forme des espèces de l’argent. On passe ainsi à l’étape de l’argent gagné. Il prend la figure du salaire et il mesure le travail accompli selon des critères socialement reconnus. L’argent devient la reconnaissance sociale d’un travail où l’amour n’a plus cours. Les lois d’ailleurs tentent d’exclure l’arbitraire des sentiments. Chacun a des droits et des devoirs, régulés par les lois que l’argent symbolise en soldant, acquittant, réparant, indemnisant.

 

 

 

 

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Mais ces différentes représentations restent actives, d’abord dans l’inconscient que le contradictoire n’a jamais perturbé. Et aussi parce que face à l’argent l’on se situe simultanément dans des registres différents : conscient, inconscient, affectif, rationnel, et donc dans des logiques contradictoires.

 

 

 

L’argent, nous dit Jacqueline Barus-Michel, est surchargé d’imaginaire sur le plan inconscient :

  • Il ordonne les places dans les relations aux autres, dont les relations de pouvoir.
  • Il engage le corps intime en souvenir du cadeau, du baiser échangé, la prostitution en serait l’avatar ultime.
  • Il se substitue à la nourriture : il est le lait dont on a soif. Il satisfait un besoin premier de sécurité. Il est cette drogue dont on devient accro. Des conduites suicidaires des joueurs aux achats compulsifs.
  • Il porte l’amour, le don, comme la haine et le refus.

 

 

 

La valeur de l’argent est donc autant économique qu’affective. Mais c’est aussi un symbole, nous dit-elle encore, qui chiffre le désir :

  • Il convertit le qualitatif en quantitatif. Le sujet s’évalue, se fait évaluer ou dévaluer en termes quantifiés, monnayables à travers son temps, son énergie, sa production.
  • L’argent est confondu avec la puissance, puis le pouvoir.

 

 

 

L’argent est donc le support de tractations de différents types :

  • Psychiques : estimation de soi, de sa valeur, de son identité, de son idéal.
  • Psychosociales : obtention de la reconnaissance, de la satisfaction, des rétributions.
  • Socio-économiques : inscription dans de systèmes d’échanges et d’acquisitions.

 

clementina

 

 

 

 

Estimation de soi, reconnaissance, puissance, mais aussi amour, corps intime. Comment ces sens résonnent-ils pour les femmes dans l’univers du travail conduit par les hommes ? Dans la vie de couple transformée par leur engagement professionnel?

 

 

 

                                                                                  …. A suivre

 

 

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Commentaires
C
Oui, ça résonne très fort. Mais après? On fait quoi? Ou est-ce que la prise de conscience suffit à nous transformer? A suivre, aussi
laurence d. au pays de l'entreprise
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