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laurence d. au pays de l'entreprise
20 mars 2007

Nouvelles du monde 2

Retrouver du plaisir dans le travail

Idées noires ? Coup de blues ? Craquer ? Pleurer ? Crier ? Se taire ? S’arrêter ? RTT ou congé de maladie ? Partir ? Changer de job ? Et s’il y avait une autre solution ?

petitmonstre

Jamais sans mon psy, c’est le titre d’un article trouvé sur un site québécois (http://www.canoe.com/artdevivre/carrieres/). Il présente une pratique qui parait maintenant bien développée au Canada le PAE : programmes d’aide aux employés, soit des programmes de soutien psychologique dont les coûts sont assumés par les employeurs. La majorité des experts employés dans les PAE sont des psychologues. Mais on y trouve aussi des travailleurs sociaux, des psycho-éducateurs, des conseillers d’orientation et même des avocats. Ces programmes aident les employés à résoudre les difficultés rencontrées dans leur travail et ayant une incidence sur leur travail, comme sur leur vie personnelle.

Le nombre de séances de 2 à 10 est définit avec l’employeur. La consultation a lieu en dehors de l’entreprise, pour garantir la confidentialité. Si le problème s’avère plus complexe, la personne est adressée ailleurs et l’employeur cesse de payer.

Je vous entends déjà hurler : manipulation, remise aux normes ou encore assistanat ! « Pour chaque dollar investi en santé mentale, un employeur économise de 3 à 8 $ en frais médicaux et en absentéisme » déclare Eveline Marcil-Denault, psychologue dans une firme deuxième plus important fournisseur de PAE. «  Ce n’est pas nous qui avons inventé la mondialisation, les fusions, les réorganisations d’entreprises et la compétitivité » ajoute-t-elle « nous répondons à un besoin ». En 2001, on a évalué à 70% les firmes canadiennes dotées d’un tel programme. 

sansbras

Pour Charles-Henri Amheerdt, professeur et chercheur à la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke, les thérapies des PAE visent surtout à rendre les travailleurs plus résistants au stress et à les adapter à l’entreprise, pas à faire de la prévention. Il dénonce la néo-taylorisation, similaire aux erreurs du début du 20ème siècle, que l’on voit effectivement à l’œuvre dans les centres d’appels : mots choisis, durée de l’appel définie, réponse précise attendue. Aussi conclut-il « dans un contexte aussi robotisé, il n’est pas surprenant que le salarié vienne consulter ».

Ok, d’accord, bien sur. Et pourtant.

Pour avoir travaillé comme psychologue en entreprise, je sais quel gâchis on peut éviter en étant simplement capable d’écouter. D’entendre la dépression qui s’installe et fait sournoisement son œuvre de démolition. En disant simplement à l’autre : « Attention, il est temps de prendre soin de vous ». En étant capable d’entendre et de faire entendre à l’autre ce qui des difficultés actuelles dans le travail entre en résonance avec le passé et embrouille tout. En lui donnant des clés pour comprendre les conflits organisationnels dans lesquels il s’est fait piéger. 

Il ne s’agit pas de thérapie, même brève. Juste d’un accompagnement le temps de quelques rendez-vous. Le temps de retrouver des repères. D’identifier comment reprendre pied. De faire des choix et parfois quelques compromis, qui ne sont possibles que lorsque la colère s’est calmée, parce que la dépression a pu être reconnue.

violetbleu

Et quel gâchis évité à peu de frais. Bien sur, en France c’est la sécurité sociale qui règle et pas l’assurance médicale de l’employeur… alors le coût… Chacun est libre d’aller se payer un psy. L’approche n’est pourtant pas la même : à court terme, centrée sur le problème et l’analyse du contexte professionnel. Pas les profondeurs avec une guérison « de surcroît » comme disent les bons freudiens. Qui généralement n’ont pas travaillé en entreprise et n’y comprennent pas grand-chose. Différent d’un coach aussi, réservé d’ailleurs aux revenus élevés.

Mais là où je rejoints complètement Charles-Henri Damherdt, c’est dans l’appel qu’il fait au plaisir. Aux personnes que j’aidais, une fois les difficultés ciblées, j’assignais comme objectif de « se faire plaisir ». Chaque jour, se demander : qu’est-ce que je peux faire pour me faire plaisir ? Trouver chaque jour une façon, même toute petite, de se faire plaisir.

Damherdt propose de développer le « flow ». C’est la sensation de fluidité associée au plaisir ressenti par quelqu’un qui aime ce qu’il fait. Il peut se vivre au travail, dans les loisirs, dans les relations interpersonnelles. Pour lui une personne sera en bonne santé émotionnelle, si elle fait souvent l’expérience du flow. Il a intégré cette notion dans ses recherches et déplore que le marché du travail ne s’en préoccupe pas plus.

Comment le trouver ou le retrouver ? Il propose d’identifier ce que l’on aime vraiment, puis de trouver les passerelles possibles avec ce qui est mis en œuvre dans l’activité professionnelle. Par exemple, à une personne qui aime chanter et travaille dans un centre d’appels, il propose de « mettre en valeur une certaine diction, une sonorité, un rythme de la voix ».

palliatif

Et pour celles qui veulent en savoir plus :

« Vous que je connais mais en même temps que je ne connais pas, écoutez-moi quelques instants. Vous avez déjà ressenti le bien-être, la joie, le bonheur. (…) Chose certaine, c'est qu'à un certain moment de votre vie, vous avez pris conscience que vous aviez perdu cette chose-là. Était-elle perdue définitivement ? (…) Pour ma part, je suis porté à répondre par la négative à cette question. Si la flamme n'est plus là, les braises, elles, sont encore bien présentes. Elles ne sont pas éteintes, du moins tant que la personne est en vie. »

C’est la présentation que fait Charles-Henri Damherdt de son ouvrage « La santé émotionnelle au travail », paru en 2005 chez Demos.

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