La fée électricité 1

La fée électricité

Viendrais-je jamais à bout des inhibitions intellectuelles qui devaient faire de moi une fille ?

D’où parles-tu, camarade ? Chez mes parents quand les plombs sautaient, nous allumions les bougies et attendions que mon père rentre du bureau. L’air grave, armé d’une lampe torche, il s’éloignait et s’isolait dans le lieu souverain de la fée électricité. Puis, brusquement l’électricité revenait. Nous respirions et éteignions les bougies.

Plus tard, mes parents ayant déménagé, je partageais avec ma sœur et son mari l’appartement à l’électricité défaillante. Les plombs sautaient toujours. Nous attendions le retour du mari. Mais il advint une fois, que la panne ne toucha que la partie de l’appartement que j’occupais. Trois jours après, je m’éclairais encore à la bougie. Une amie, initiée par ses frères, me révéla les mystères de l’électricité. J’appris donc sous son autorité à changer les plombs. C’était fabuleux ! Et en quelques minutes, pas plus ! Je les aurais changés tous les jours !

Lors d’une visite à ma mère, les plombs sautèrent. Ravie, je lui proposai immédiatement de les changer. Impossible, m’expliqua-t-elle ! Un nouveau système extrêmement moderne et sophistiqué les avait remplacés. Donc, nous allumâmes les bougies et attendîmes le complice de la fée électricité.

Finalement, je découvris un jour grâce à un dépanneur obligeant, que ce système ultrasophistiqué s’appelait un disjoncteur et qu’il suffisait de relever une manette pour maîtriser la fée électricité.